TRIBUNAL JUDICIAIRE
Bobigny
Équipements

Si, comme on sait, la Justice ne voit pas (elle porte un bandeau garant d’impartialité), elle ne manque en revanche pas d’images. À l’évocation de son nom, nous, individus et citoyens, avons en tête nombre d’allégories, de représentations, d’images, au risque de la saturation. Quel que soit le parti architectural choisit, tout nouveau Palais de Justice entre nécessairement en dialogue avec cette longue histoire mentale et collective de la Justice, faite avant tout d’images et d’idées.

Comme s’il était conscient de porter ce nécessaire héritage, notre bâtiment assume solidement le fait d’incarner un certain visage, pleinement contemporain, de la Justice. Un visage qui ne soit ni lourdement signifiant, ni totalement banalisé, et encore moins égarant; un visage qui soit à la fois impassible et humain; un visage à la fois grave (qui puisse garder le souvenir assourdi des drames et des tragédies) et serein (qui puisse pacifier, autant que possible, dans un espace de grande qualité, les passions et les tourments avec lesquels on entre ici). Depuis la large ouverture du parvis jusqu’aux portes closes des cellules, il s‘agit de suggérer, mais en un seul et même ouvrage, la gravité supérieure de la loi et la proximité d’un accompagnement vers la Justice, dans les meilleures conditions. Un visage qui, bien que loin et transcendant, enveloppe et accompagne du regard celui qui vient demander justice et réclamer ses droits. Un visage, enfin, qui incarne à la fois la pérennité immuable de l’institution et la préoccupation concrète et personnelle du citoyen. L’ensemble du projet, et la conception de la justice qu’il exprime, tiennent en trois mots-clefs, à l’image des trois volumes qui dessinent la partie haute de la façade: gravité, sobriété et sérénité.